Entre cabinet de curiosité, méditation et électro-punk, SACRE entend conjurer la réification du vivant. Yupei Roehrich relie des insectes naturalisés au corps de Margaux Bisson avec des aiguilles d’acupuncture. L’épingle qui fixe est remplacée par l’aiguille qui fait passer la vie selon la médecine traditionnelle chinoise. Aussi, les aiguilles qui servaient autrefois aux piqueurs à torturer les femmes accusées de sorcellerie, sont remplacées par celles qui soignent et réparent. Ces parallèles donnent une lecture intersectionnelle des imaginaires extractivistes de la Modernité, qui ont conduit à la crise écologique. Les participant·e·s contribuent au rituel par la méditation et la récitation d'un mantra tibétain. Vibratoire, cette communion rappelle que nous partageons avec les vivants la même chair du monde, malgré nos catégorisations. Cette attention sensible stimule un nouvel imaginaire de compassion à l'Autre, dont SACRE est une proposition de rituel, pour un futur soutenable.
Cette vidéo a été réalisée lors de la performance SACRE, dont la durée réelle était d'une heure. Ces recherches, mêlant acupuncture et entomologie, ont été initiées en 2018 puis ont pris la forme d'une collaboration avec l'artiste Yupei Roehrich en 2022. Cette performance et le film qui l'accompagne ont été produits pour le festival "Sorcière(s)" de l'université de Paris 8, en mai 2022. Plus qu'un film d'archive, ces images ont vocation, dans le contexte d'une exposition, à plonger le spectateur dans le récit contemplatif d'un moment de partage, agissant comme une fresque animée pour accompagner sa méditation dans le prolongement de celle des participant·e·s. En effet, le montage restitue les temps de silence et de récitation du mantra qui ont ponctué cette plongée, vécue par une poignée de participant·e·s, dans le récit prospectif mais bien réel d'un futur où le soin serait une devise commune, une nouvelle unité de valeur pour tenir le cap d'une société plus juste et respectueuse.
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