Y a toi,
Cette terre qui me guette depuis mes premiers pas,
Y a tes plaines qui m’entraînent à être enfant libre et sauvage,
Y a ton ciel bleu et volage où s’accroche mon sourire de gamine intrépide.
Puis;
Y a les saisons qui passent, et l’automne qui s’installe
Me voilà qui côtoie l’envers du décor
De cette terre qui me porte.
Y a tes tempêtes qui érodent mon innocence,
Sculpte mon caractère d’ado en errance,
Y a tes feuilles volantes, couleurs oranges,
Qui m’apprennent que les rêves sont illusoires,
Que seul le géographe, peut prédire nos existences.
Y a les saisons qui passent, et l’hiver qui s’installe,
Y a ton froid qui glace le peu d’espoir de rester entière
Face aux assauts de ta caillasse sur mes proches et moi-même
Y tes arbres qui hibernes, et notre santé qui se fait la malle
Y a tes crêtes qui m’imposent d’avoir les épaules pour toutes ces peines
Mais face à ton incessante rudesse,
Perpétuelle devient ma détresse, de jeune adulte dépourvue de liesse,
Là où le paradis faisait place, l’enfer se déterre.
Y a tes pierres qui esquintent tous mes fichus espoirs,
De m’en sortir indemne,
Y tes falaises qui ont prédit ma chute,
Chute mortelle ou rédemptionnelle.
Y a tes vautours qui m’ont aperçu dans la neige,
Mais c’est au fond de ton trou, que j’ai trouvé mes ailes,
Car même au milieu de ta glacière funèbre,
Y a le bruit de ton cours d'eau
Qui donne la foi,
Que tout passe, même le chaos de l’enfer que tu sèmes en moi
Y a tes perce-neige qui me portent à croire,
Que le froid de ton âme n’a pas qu’une ambition dilapidèrent
Que didactique peuvent les leçons que tu m’assènes,
Et que tout passe, tout passe.
Y a les saisons qui passent, et le printemps qui se ramène,
Y a tes oiseaux qui reviennent
Et ma résilience qui pousse sur les fractures d’hier,
Y a toutes tes sources qui m’inspirent et m’abreuvent,
Qui me souffle qu’un jour je serai fleuve sans rancœur,
Y a tes hêtres qui m’apprennent qu’avoir n’est qu’éphémère,
Que le savoir est une graine éternelle, que seule nature élève.
Y a ton souffle qui apaise, les souffrances de la veille,
Qui m’insuffle d’être fière du chemin de broussailles
Que j’ai parcouru, et qui m’a fait adulte sage
Aussi sage que possible pour te livrer ce message :
Y a toi,
Et aujourd’hui,
Y a moi.
Moi,
Qui me doit d’admettre,
Qu’au-delà de la haine, je l’aime,
Cette terre qui m’a fait naître,
Cette terre qui m’a fait croître,
Moi l’esquintée aux yeux sauvages,
Je porte en héritage,
Sur mon visage et mes actes,
Ma terre;
Cette terre
Qui emportera mon histoire
Au creux de ses rivières
Pour qu’elle résonne en écho
Dans ses grottes millénaires.
Comme les deux faces,
D’un même univers;
Y a nous
La terre est l’être
L’être est la terre.
Cohabitation éternelle
D’âmes-sœurs
Qui se toisent,
S’emmêlent
Et deviennent
Beautés piquées :
Dentelle.
Accepter sa terre natale.
C'est elle qui a sculpté nos caractères et nos histoires.
Je suis née dans une ruralité profonde, la cohabitation principale est celle avec la Nature. Moi qui adolescente en ai tant voulu à cette terre éloignée de tout, mais que j’aimais aussi par son côté sauvage et apaisant, j’ai finalement compris que je me devais d’accepter ma terre natale dans son entièreté. Oui cette terre est ma prison, autant que mon paradis. Elle m'a fait du mal, autant qu'elle m'a appris.
Et c'est à travers les leçons que me donne constamment la Nature, que j'ai pu accepter mes failles et mes réussites. Et je crois profondément que s'accepter dans son entièreté et être fière d'où l'on vient est le premier pas d'un engagement pour le monde de demain.
Cohabiter avec sa terre, l'accepter pour ce qu'elle est et la soutenir pour ne pas s'oublier, voilà ce que la vie auprès de ma terre m'a appris jusqu'ici.
Et vous, votre terre, que vous a-t-elle apprise ?
À travers ce texte, j'ai voulu faire le lien entre la terre sur laquelle on grandit (pour moi, c'est principalement la Nature qui compose cette terre) est l'impact qu'elle a sur nos vies. Les leçons qu'elles nous donnent.
Je suis donc partie d'éléments très concrets qui composent cette terre et des saisons qui passent pour les lier aux sentiments qui m'étreignent au fil de mon existence (enfance, adolescence, adulte.).
Le but étant de montrer l'interconnexion et l'évolution de la relation entre nature et être. Deux entités distinctes (toi et moi) qui s'influencent et finissent par ne plus faire qu'un (nous).
Plus on avance dans le texte plus les saisons/paragraphes sont longs, car la conscience de l'être grandit, les détails sont plus développés, l'esprit plus aiguisé par les tourments encaissés pour au final arriver à une révélation.
On passe de l'innocence à la désillusion, de la désillusion à la souffrance, de la souffrance à la leçon. Le chemin de toutes cohabitations ?
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