Nous nous nous représentons souvent la nature comme une entité lointaine et étrangère, avec laquelle nous pouvons avoir l'impression de renouer en descendant les pistes une fois par an (pour les plus chanceux ou ... les plus aisés), ou de l'autre côté d'une vitre nous protégeant d'un fauve d'un autre continent et qui n'a rien à faire sur le nôtre sinon nous rappeler que bientôt il n'existera plus que derrière ses barreaux... Comment imaginer une cohabitation avec cet "autre" dont finalement nous ne connaissons pas grand-chose, surtout en ville ?
Parfois il suffirait peut-être de lever les yeux sur la corneille perchée sur un lampadaire, ou de les baisser sur le hérisson caché derrière la pelle du garage. Pour se rappeler que nous ne sommes pas les seules à traverser nos jardins et nos parcs, à crécher sous un toit de briques, à faire une pause commérage en bas de la fenêtre. Même dans nos espaces les plus anthropisés, la nature se fraye un chemin. A nous de lui garantir une place.
Cette photo a été capturée dans un petit village des Abruzzes, en Italie. Je séjournais dans une veille maison sous les toits de laquelle des colonies d'hirondelles installaient leur nids. Entre deux sessions de lecture, j'ai levé les yeux vers une fenêtre donnant sur une cour intérieur et j'ai aperçu ce couple d'hirondelles en pleine toilette. Perchées sur le fil à linge, qui semblait parfaitement adapté à la taille de leurs patte, elles réinvestissaient à leur manière les installations faites pour les Hommes. Touchée par ce tableau paisible et intime, et d'apparence si banale, j'ai doucement entrouvert la fenêtre, laissant tout juste la place à mon objectif de s'y glisser.
Avec cette scène, j'ai voulu représenter le thème de "cohabitation" dans son sens littéral : l'habitation humaine servant de lieu de vie à d'autres espèces animales. A la retouche, j'ai voulu accentuer le jaune qui se trouvant à la fois sur le volet et sur le poitrail des oiseaux, incarnant le lien faune-humain.
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