Un thermostat
une maladie
deux cyclones
trois pandémies
un pylône
des démolisseurs
une fleur qui pousse
un caillou dans la chaussure
trois inondations une blessure
une pierre une ferme une haie
une bouture
un beignet de fleur de courgette
un maraîcher prix nobel de la paix
une autre fleur qui pousse
un arbre au milieu de cendres
un banquier qui vend des investissements pétroliers
des machines un homme une usine
un travailleur sous caféine
des cœurs vides des centres commerciaux pleins
cinq ou six écrans
un végétarien
des carnivores
des rêves oubliés
une belle veste au placard
de la poussière sous un tapis
des allergies
un trèfle à quatre feuilles
un feu des forêts
un homme pieds nus heureux
de nouvelles fleurs qui poussent
une douzaine d’hommes sans cailloux
une nouveauté deux nouveautés trois nouveautés
des dessins d’enfants des possibles esquissés
un terrain inconnu une nouvelle histoire
un système des alternatives
un activiste en prison des baleines en libération une accalmie un géant chalutier à la retraite
un nourrisson
un océan trois crevettes milles poissons
une foule qui ralenti
une vieille femme un balcon trois jardinières
un arrosoir
du fumier de l’engrais
des parents qui jardinent
un journal de l’espoir
des activistes qui s’ennuient des artistes qui énumèrent les plaisirs de la vie
un rayon de soleil un bruit de vague une serviette de bain un lézard un pain du beurre un carré de chocolat un flocon de neige une joue une écharpe une fuite en avant un élan
des lecteurs heureux des centres commerciaux vides
des abonnés du désir
une mémé poussée dans les orties qui grandit un pain sur une planche un rêve qui va comme un gant à la réalité un désespoir au bout du rouleau une terre avec des fourmis dans les jambes des démolisseurs aux pieds cassés une pierre deux coups...
et pleins de fleurs qui poussent
une pour tous les goûts.
Pourquoi ne nous-réveillions nous pas ? Est-il vraiment nécessaire de devoir lister tout ce qui ne va pas, ne tourne pas rond, semble nous détruire de l’intérieur et détruire notre habitat extérieur ? Faut-il aussi lister tous les bénéfices que nous aurions à ralentir, à faire autrement ?
Ce poème propose une liste non objective et poétique de pour et de contre d'une transition écologique. Des associations de mots pour révéler une forme d'absurdité que peut prendre le monde actuel. Et des juxtapositions pour souligner son potentiel de beauté, de joie, de comique et d’émerveillement.
J'ai été frappée par la lecture récente du poème Inventaire de Jacques Prévert. Dans son poème, il semble vouloir faire émerger une vision du monde très pessimiste, absurde, dépourvue de ponctuation. La mort, à travers certains termes de son inventaire, y est présente plus présente que la vie peut y être décrite.
J'ai voulu réactualiser ce poème et cette démarche, en y dépeignant cette fois, non pas une mort progressive mais une nouvelle forme de vie qui prend émerge avec ces "fleurs qui poussent". Et ces fleurs poussent au fil des strophes.
Au fur est à mesure du poème, les désastres écologiques et les actions qui conduisent à la destruction de la planète sont remplacées par des actions plus positives et des associations joyeuses.
Cet inventaire est personnel et exprime avec mes mots et mon imaginaire ce qui n'existerait plus dans mon monde rêvé de demain et ce par quoi il serait remplacé.
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