Les Rêves et l’Exil
Je rêve.
Non pour échapper à l’éclat des blessures,
Mais pour forger, d’un cri, d’un chant, d’une rature,
L’étoffe d’un demain tissé de lendemains,
Là où l’ombre vacille au souffle des humains.
Je rêve des femmes dont les voix sont bannies,
Dans les terres de fer où la nuit infinie
Pèse sur leurs paupières, étouffe leurs éclats,
Tandis que l’Histoire s’efface sous leurs pas.
Afghanistan, berceau d’échos sans lumière,
Où les cendres des livres flottent dans l’air amer,
Où chanter est un crime, aimer une sentence,
Et marcher sans un maître une désobéissance.
Ô Syrie d’effroi, nations aux murs muets,
Où l’espoir s’effondre sous des lois de reflets,
Je rêve des cœurs libres qu’on brise et qu’on dompte,
De ces âmes captives qu’un souffle d’or affronte.
Car rêver n’est pas fuir, c’est sculpter demain,
C’est tendre une étoffe à la lumière en chemin,
C’est croire qu’un cri peut déchirer les cieux,
Et qu’un rêve peut rendre les hommes lumineux.
Mariées au silence, enchaînées au néant,
Leurs âmes sont des flammes qu’on étouffe en rêvant.
Leur amour est un chant que l’on couvre de chaînes,
Leurs droits un fleuve asséché par la haine.
Mais au-delà des chaînes, des fers et des lois,
Je rêve d’un monde où l’amour fait la loi,
Où aimer n’a ni sexe, ni peau, ni couleur,
Et où chaque désir est un éclat vainqueur.
Je rêve d’une Terre où l’on soigne ses plaies,
Où les forêts renaissent, où la mer a sa paix,
Où l’Homme, humble gardien, en de fragiles mains,
Porterait la nature avec amour serein.
Et je rêve encore que les écrans s’effacent,
Que les regards se croisent dans le creux de l’espace,
Que les cœurs, détachés des fausses vérités,
Se trouvent dans la clarté des jours partagés.
Ô peuples des guerres, des exodes, des ruines,
Pourquoi la paix s’éteint-elle dans vos comptines ?
Pourquoi vos mains, tremblantes, se cherchent en vain,
Quand vos âmes brûlent de se joindre enfin ?
Femmes sans voix, aux cieux de sable et de plomb,
Je rêve pour vous d’horizons sans cloisons,
Où les étoiles percent vos voiles invisibles,
Et où vos songes dansent sur des plages paisibles.
Je cours pour ces rêves, pour ce souffle oublié,
Je franchis des montagnes pour briser les dictées,
Je dresse des sommets contre l’ombre des siècles,
Et j’écris des sentiers où l’espoir sait jouer.
Car rêver, c’est refuser l’éphémère et l’oubli,
C’est extraire l’éclat d’un futur enseveli,
C’est forger dans l’espoir l’étoffe des droits,
Et relever l’humain là où tout se noie.
À travers mon poème " Les Rêves et l’Exil ", j’ai voulu dénoncer les injustices subies sur Terre notamment celles de nombreuses femmes à travers le monde, privées de leurs droits fondamentaux et condamnées au silence. En tant que jeune femme libre et passionnée de trail, je ressens intensément ce privilège de courir, de m’évader, de rêver. Mais cette liberté que je vis comme une évidence me rappelle les chaînes qui entravent tant d’autres. À travers ce poème, j’ai voulu rendre hommage à celles qui, dans l’ombre, se battent ou rêvent en silence.
L’écriture m’a permis de transformer ma révolte en espoir. Mes mots sont un cri, une promesse de ne pas les oublier, mais aussi un appel à rêver d’un monde où elles pourront marcher, courir, et vivre sans entraves. Mon poème est un geste pour leur donner une voix. Pour moi, c'est un acte de résistance, un combat au-delà des frontières, un moyen de briser le silence qui les oppresse et de forcer leur présence là où l'on cherche à les effacer.
Créer 'Les Rêves et l’Exil' a été un cheminement spontané, presque viscéral. En tant que jeune fille européenne, libre de m’exprimer et de bouger comme je l’entends, je suis profondément révoltée par le fait que d’autres femmes dans le monde n’aient même pas cette liberté. Mon poème est né de cette colère, mais aussi d’une envie de lutter, de rêver d’un monde où ces femmes seraient enfin entendues. Mais au-delà de la révolte, il y a l’amour : celui qui dépasse toutes les frontières, qui reste vivant même quand tout semble brisé. Et la planète, ce monde qui souffre, mais qui continue d’offrir des signes d’espoir. Je me suis laissée guider par ces émotions, sans filtre, pour créer un poème qui ne parle pas seulement de ce qui ne va pas, mais aussi de ce que l’on peut encore espérer. C’est un cri, un appel, mais aussi un acte d’amour, de résistance et de foi en un monde plus juste.
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