Rêver pour survivre

Muse

Texte

EARTH_LIFE
PEACE
CLIMAT

L'oeuvre

Mes paupières se ferment et mon esprit cherche l’étreinte de Morphée.

Comme chaque soir.

Et comme à son habitude, il vagabonde. Il ne souhaite pas me laisser partir : il y a bien trop à faire.

Et si ce monde ne me convenait plus ? Et si, en fait, il ne m’avait jamais convenu ? Est-ce moi qui suis née au mauvais endroit ou bien est-ce le monde qui ne jouit plus de notre présence ?

Je cherche des réponses là où je ne pourrais en trouver. Seul l’univers peut s’exprimer à ce sujet, et il le fait déjà.

Mon utopie est commune à celle de tous : un monde en paix, en bonne santé. Je rêve d’amour, de liberté et d’aventure.

Mais rêver de toutes ces choses n’est qu’un mensonge dans lequel je serai trop triste de me perdre. Car ouvrir les yeux chaque matin me blesse et me conforte dans l’idée que rêver est ma seule destinée.

Nous sommes allés trop loin désormais. Il est déjà trop tard.

Je serai donc plus pragmatique quant à mes rêves.

Mon monde de demain à moi, est un monde simple. Sans artifice. Sans argent. Sans pouvoir. Un monde dans lequel l’espoir ne serait plus. Car l’espoir aura été vaincu par la réalité.

Vous me demandez de rêver ? Mais comment rêver dans un monde où l’humanité préfère diviser, détruire et soumettre ?

Je me réveille, j’ouvre les yeux, et j’aperçois une lueur. J’ouvre ma fenêtre pour la laisser entrer, et je sens le vent frais caresser mon visage. Je me laisse envelopper une dernière fois par la douceur muette du printemps. Je ferme les yeux, et je me rends compte que pour la première fois, je préfère les ouvrir et confronter l’univers.

Là-bas, de l’autre côté, les âmes sont en peine. La brise me chante le désespoir de l’humanité. J’entends des cris de détresse, des hommes se battre, des coups de feu se perdre dans les cieux. J’entends les flammes. Je vois au loin des nuages sombres détruire nos forêts, nos animaux et nos hommes.

Les fleurs qui m’entourent brunissent et se ferment. Il fait chaud, beaucoup trop chaud. Le ciel s’assombrit, des feuilles volent par milliers. La brise devient sauvage. Des milliers d’oiseaux chantent dans le ciel : ils nous préviennent. C’est la fin. La fin d’un monde qui a trop souffert.

Et je ne ressens ni peur, ni larme. Ce qui arrive, nous l’avons cherché. Le monde se défend et reprend sa liberté. Et au fond, je le savais.

Je ne serais pas blessée ce soir, je vais simplement m’en aller, et laisser mon hôte reprendre ses droits.
Laisser la nature reprendre le contrôle. Laisser la vie s’instaurer à nouveau. Permettre à notre très chère terre de guérir et de nous accueillir.

Mais cette fois, elle sera forte. Elle saura se faire entendre.

Et si, malgré tout, nous avions encore le choix d'agir ? Et si cette lueur, aussi fragile soit-elle, pouvait devenir le point de départ d'un monde où il ne serait pas trop tard ?


Le message

À travers cette œuvre, je cherche à confronter le lecteur à la dureté du monde dans lequel nous vivons, un monde où l’espoir semble une illusion, où la réalité brise les rêves d’un avenir utopique. Je me questionne sur notre place dans l’univers : sommes-nous responsables de cette dégradation ou sommes-nous simplement pris dans un système qui nous dépasse ? L’œuvre explore cette lutte entre l’envie de rêver d’un monde meilleur et l’inévitabilité de la réalité. Pourtant, en dépit de la tristesse et de la désillusion, une lueur d’espoir demeure, fragile mais persistante. Elle représente la possibilité, bien que minime, de tout changer, de se réveiller et d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Cette œuvre est un appel à la prise de conscience, à la responsabilité collective, et une invitation à réagir face à l’urgence de la situation. La nature reprend son droit, mais peut-être avons-nous encore le pouvoir d’influer sur notre destinée.


Le processus créatif

Cette œuvre est née d’une urgence créative, d’un moment où l’inspiration s’est imposée comme une évidence. J’ai attendu le bon, mais aussi le mauvais, ce mélange de doute et de certitude qui pousse à créer. Je déteste me forcer à écrire, il me faut ce moment où tout se connecte naturellement. Pour accompagner ce processus, j’ai choisi une musique instrumentale en fond sonore, une mélodie calme mais profonde, que j’ai laissée tourner en boucle pendant une heure. Le texte a été écrit d’une traite, guidée par chaque mot, chaque image qui se formaient dans mon esprit. J’écrivais à voix haute, écoutant le rythme des phrases, ce qui m’a permis d’ajuster le texte au fur et à mesure. Je tiens à écrire sur papier, avec un stylo plume, car cela me connecte à l’essence même de mon propos. Chaque geste, chaque tracé est plus authentique, plus intime. C’est ainsi que l’œuvre a pris forme, portée par cette énergie créative, presque instinctive.