Ça crame dehors

Manon

Texte

PHEALTHoverty
EQUALITY
WATER
ENERGY
INEQUALITY
CONSUMPTION
WATER_LIFE
EARTH_LIFE
PEACE

L'oeuvre

Tous les jours
Devant la fenêtre
Mathilde s’attarde
Ses yeux volant dans le ciel
Elle regarde
Les oiseaux danser
Parfois elle rêve de les rejoindre
De nager dans les nuages
Et sentir ses poumons (s’)exhaler.

Tous les jours
Devant la fenêtre
Mathilde sourit
Quand la pluie se calme
Et dévoile dans un éclat de soleil
Une femme en embrasser une autre
Et qu’un passant devant elles
Pleure de joie et se vautre.

Tous les jours
Devant la fenêtre
Mathilde s’extasie
Des champs de fleurs
Coquelicots rouges
Armoises grises
Tournesols jaunes
Son cœur admire
Et s’imagine les odeurs
En s’y perdant à l’intérieur.

Tous les jours
Devant la fenêtre
Mathilde chante
Avec tous les enfants de la Terre
Avec tous les adultes qui errent
Et espèrent
Qu’il n’y ait jamais plus de frontières.

Tous les jours
Devant la fenêtre
Mathilde inspire
Les embruns de l’océan
Elle pense aux poissons Heureux
Vivants
Qui ricochent dans sa tête
Où elles empêchera quiconque
De les pêcher
Et les dévorer fièrement.

Tous les jours
Devant la fenêtre
Mathilde se révolte.
Dans les reflets du verre
Elle se regarde survivre
Revenir bravement du champ de bataille
Se relever après les coups
Et ramener ses mains en prières.

Parce que
Devant la fenêtre
Tous les jours
Mathilde pleure
En relevant le rideau de ses rêves
Elle observe
Le rouge écarlate
Le gris putride
Le jaune acide
Ça crame dehors.
Elle fait face à
La haine immonde
L’angoisse nauséeuse
La violence inouïe
Ça crie dehors.

BOOM.
BOOM.
BOOM.

C’est la guerre dehors.
C’est la peur dehors.
C’est la honte dehors.

Devant la fenêtre
Tous les jours
Mathilde remet
Son masque sur son nez
Ses écouteurs dans ses oreilles
Elle abaisse le rideau
Souffle sur aujourd’hui
Plonge dans des songes
De lendemains
Où les nuits ne sont plus sombres
et où les jours
Naissent plus beaux
Plus justes
Plus lumineux
et font fuir les ombres.


Le message

Ce texte c’est un poème, une histoire, un message. Sur notre monde présent et sur celui qu’on veut pour demain.
Mathilde c’est toi, c’est moi, c’est nous. Nous qui angoissons en voyant le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, mais nous aussi qui imaginons un monde tellement plus beau pour tous les êtres vivants qui habitent sur Terre. Un monde plus égalitaire, moins pollué, plus sain pour les animaux, moins anxiogène, où règne l’amour et la paix plutôt que la haine et la violence.
En lisant mes vers, je veux qu’on se mettent à espérer, à rêver, sans oublier non plus ce monde-ci qu’on connaît, au contraire il faut le changer, se révolter, le déconstruire et le remodeler. Mais pour cela, il faut commencer à rêver d’un avenir meilleur, parce que les cauchemars s’arrêtent toujours là où commencent les rêves.


Le processus créatif

En essayant de trouver une idée pour ce texte, une image est apparue dans mon esprit : les affiches collées dans les magasins de décorations pour faire croire à des paysages derrière une fenêtre, mais ce n’est qu’illusoire. Tout est faux, pourtant ça fait rêver. Ces affiches sont devenues les rideaux de Mathilde, chaque jour elle en baisse un et un nouveau paysage qu’elle imagine lui fait face. Pour effacer le monde extérieur qui l’effraie, elle le cache par un monde de rêve, celui qu’elle aimerait connaître, celui qu’elle aimerait pour demain. Mais ces images que je décris, elles ne viennent pas de nulle part, elles représentent ce que moi aussi j’espère et je rêve pour demain.
Par ailleurs, le vers libre est une forme qui m’est venue naturellement. Il permet de jouer aisément avec les mots et les sons et rend le texte encore plus fort, plus percutant et peut-être plus touchant.